On parle de la Palestine comme d’un territoire amputé.
On oublie toujours de préciser ce qui a été amputé en premier.
Avant 1947.
Avant Israël.
Avant l’ONU.
80 % de la Palestine mandataire est devenue la Jordanie.
En 1921-1922, les Britanniques détachent la Transjordanie du mandat palestinien, l’offrent aux Hachémites et interdisent toute implantation juive à l’est du Jourdain (si ca ce n’est pas de la segregation?).
Résultat : un État arabe naît de la Palestine, bien avant toute guerre israélo-arabe.
En 1946, la Jordanie est indépendante.
En 1948, elle annexe la Cisjordanie.
De 1948 à 1967, les Palestiniens sont citoyens jordaniens.
Personne ne parle alors d’« occupation ».
Personne ne réclame un État palestinien indépendant.
Puis vient 1967.
La Jordanie perd la Cisjordanie.
Et soudain, l’histoire est réécrite.
La Palestine ne commence plus qu’à l’ouest du Jourdain.
La Jordanie disparaît du récit.
La carte rétrécit.
La mémoire aussi.
Pourquoi ce silence ?
Parce que rappeler la Jordanie casse le slogan du « peuple sans État ».
Parce que ça complique un récit devenu binaire, émotionnel, exportable.
Parce que même la Jordanie ne veut pas rouvrir cette boîte de Pandore.
👉 Ce conflit n’est pas seulement territorial.
Il est narratif.
Et tant qu’on continuera à débattre sur une carte tronquée,
aucune solution ne tiendra sur la carte entière.
